La cathédrale Saint Pierre de Vannes possède une tour d'un style unique en France, don du chanoine Danielo

 

Un monument Renaissance unique en France

Achevée en 1537, la Rotonde de la cathédrale Saint-Pierre de Vannes constitue un monument sans équivalent en France. Comme l’indique l’inscription latine placée sous la corniche supérieure, cette chapelle est le don du chanoine Jean Danielo, archidiacre de Vannes.

Après avoir fait toute sa carrière à la cour pontificale de Rome, Jean Danielo revient dans sa ville natale profondément marqué par l’architecture de la Renaissance italienne. Il décide alors d’offrir à la cathédrale une chapelle inspirée de ce style novateur, encore rare dans le royaume de France au début du XVIᵉ siècle.

Chapiteaux à l’antique, frontons sculptés, coquilles, défoncements circulaires symbolisant l’hostie : chaque détail architectural traduit la richesse de cette inspiration italienne. Fidèle à la symbolique eucharistique, Jean Danielo dédie la chapelle au Saint-Sacrement, sans ménager les dépenses pour offrir un écrin digne de la Présence réelle de Dieu.

 

Une restauration exceptionnelle au début du XXIᵉ siècle

Au fil des siècles, la Rotonde a subi des transformations altérant profondément son aspect d’origine. En 1834, par souci d’économie, son couvrement Renaissance est remplacé par une toiture conique en ardoise, sans autorisation de l’État ni des services des Beaux-Arts.

Cette modification, qualifiée par les historiens de véritable contre-sens architectural, provoque à terme de graves infiltrations d’eau. En 2009, l’état sanitaire de la chapelle impose une intervention lourde sur la toiture et la voûte intérieure.

 

Redonner à la Rotonde son couvrement de 1537

La Direction régionale des Affaires culturelles (DRAC) et l’architecte en chef des Monuments historiques, Dominique Ronsseray, saisissent alors l’opportunité de restituer à la Rotonde son couvrement Renaissance.

Dès 2003, des sondages révèlent des fragments de lames de plomb, des balustres intégrés dans la maçonnerie du XIXᵉ siècle et les marques précises de l’ancienne balustrade. Les traces d’un lanternon sont également identifiées sur la voûte.

Après plusieurs années de recherches approfondies, croquis, plans et calculs à l’appui, le projet est présenté en 2006 à la Commission supérieure des Monuments historiques. Convaincue, celle-ci valide à l’unanimité l’opération en 2007 et inscrit un crédit exceptionnel de 800 000 euros.

 

Un chantier d’exception riche en découvertes

Le chantier, mené de juin 2008 à octobre 2009, réserve plusieurs surprises. Les historiens découvrent que le lanternon d’origine avait probablement été retiré vers 1620 et déplacé sur la façade principale de la cathédrale.

Les gravures du XIXᵉ siècle permettent néanmoins d’en restituer fidèlement la forme : il était surmonté d’un ostensoir rayonnant, symbole logique pour une chapelle dédiée au Saint-Sacrement. Après validation par la Commission, ce lanternon est replacé au sommet de la coupole de plomb.

À l’intérieur, une autre révélation attend les restaurateurs : sous la voûte à caissons du XIXᵉ siècle apparaît la voûte originelle du XVIᵉ siècle, ornée de vestiges de décors peints — étoiles et palmettes. Là encore, le choix est fait de revenir à l’état de 1537.

 

La Renaissance retrouvée au cœur de Vannes

La reconstitution des 98 balustres de pierre, la pose des lames de plomb, la fabrication du lanternon et de son ostensoir doré ont mobilisé des corps de métiers spécialisés, agréés par les Monuments historiques, principalement en Ille-et-Vilaine.

Aujourd’hui, il faut prendre du recul — place Henri-IV ou rue des Chanoines — pour mesurer l’ampleur de la transformation. Vue de loin, la Rotonde resplendit à nouveau dans son style Renaissance italienne, retrouvant l’intention originelle de Jean Danielo, plus de 470 ans après sa réalisation.